La place des usages dans et hors la classe
idruide était présent à la deuxième édition du EdTech Day, à Lyon. Retour sur la thématique matinale : la question des usages, avec des exemples concrets.
La deuxième édition de l’EdTech Day Lyon a eu lieu mi-octobre. Cet événement a regroupé des membres de l’écosystème du numérique éducatif, avec près de 45 % issus des entreprises de l’Edtech, 40 % qui viennent des établissements scolaires (dont environ 60 enseignants), tandis que les 15 % restants venaient des collectivités.
Parmi les premières questions à avoir été abordées, l’utilité même du numérique dans l’enseignement. Selon Nathalie Hector, directrice de l’innovation à la SKEMA Business School, « le numérique est présent dans la santé, les transports, la communication et bien d’autres secteurs, où l’on observe son impact (…) Dans l’éducation, d’autant plus après l’expérience de la crise sanitaire, il ne faut pas se dire que le numérique remplacera les établissements scolaires. Il faut plutôt imaginer de nouveaux établissements, notamment dans le supérieur, avec le numérique comme outil pour appuyer l’ouverture sur les territoires, “augmenter” l’enseignant par la technologie ».
Les intervenants s’accordent sur le fait que la relation entre un apprenant et un enseignant passe avant tout par le contact humain. Toutefois, « le numérique permet d’appuyer le fait qu’on apprend à des vitesses différentes, qu’il y a des besoins différents en fonction des élèves », souligne Nathalie Hector, mettant l’accent sur la pédagogie différenciée, facilitée par le numérique. « Il sert aussi le corps professoral à augmenter sa capacité pédagogique, sa trousse d’outils pour permettre aux élèves d’apprendre. »
L’un des constats de cette journée a été que les étudiants d’aujourd’hui ont des attentes différentes par rapport aux générations précédentes, à cause du monde qui évolue rapidement, poussé par le numérique.
Les changements d’orientation sont de plus en plus nombreux au cours d’une vie professionnelle et selon certains intervenants, il est important de valoriser les nouvelles expériences permises par les outils numériques pour mettre à jour les compétences de chacun. Le numérique permet en effet de faciliter ces transitions professionnelles, notamment via des formations disponibles au moins en partie en ligne.
« Les scénarios d’avenir pour l’éducation sont donc encore à écrire », conclut Nathalie Hector. D’autant plus qu’elle souligne les aspects les plus positifs du numérique, à commencer par le fait qu’il s’agit d’un atout pour engager la motivation des apprenants.
Ludivine Hanssen, enseignante à l’école primaire Robert Baranne, Vernaison, était présente pour expliquer l’apport du numérique dans la résolution de problèmes mathématiques. Résoudre un problème, c’est déjà entrer dans une mentalité de recherche, impliquant donc plusieurs ressources chez l’élève. Reste à trouver et conserver la motivation des élèves sur ce type de matière, de moins en moins populaire.
Les applications numériques de mathématiques « ont enrichi ma pratique professionnelle. Cela a aussi permis plus de coopération entre les élèves, créant des échanges que je n’avais jamais connus auparavant ! », a-t-elle expliqué. « Il faut un temps pour observer les élèves, leur faire plaisir tout en se faisant plaisir. »
« Pour chaque exercice, il est nécessaire que chaque élève visualise l’état initial, final, et les chemins pour y parvenir. La résolution de problème n’a d’intérêt que si elle apporte un résultat au-delà de la résolution pure et simple de l’exercice », conclut l’enseignante.
Pour ouvrir cette partie de la journée, les organisateurs ont lancé un sondage en direct. À la question : « le manuel papier est-il destiné à être remplacé par le numérique ? », environ 70 % des personnes présentes répondent non, 25 % oui, alors que le reste ne sait pas.
Pour Pascal Meriaux, enseignant au lycée La Martinière-Duchère, à Lyon, « le manuel numérique coexiste avec le papier, mais apporte une capacité d’adaptation rapide et intéressante pour l’enseignant », ce qui en fait un complément idéal.
L’enseignant cite l’exemple du conflit en Ukraine. « Nous avons vu apparaître des contenus pour aborder la situation dans la classe », si l’enseignant a la volonté de parler de la situation avec ses élèves. Avec le numérique, « les éditeurs peuvent jouer leur rôle et fournir rapidement un vrai dossier sur le sujet. Le manuel numérique possède la capacité de s’adapter vite, d’avoir des mises à jour des données en fonction de leur évolution. C’est donc un outil riche et important », détaille-t-il.
« Le support papier, figé, reste coller au programme prédéfini. Avec le numérique, l’enseignant peut mieux s’approprier les contenus car il peut aussi y intégrer ses propres ressources et les agencer comme il le souhaite », conclut Pascal Meriaux.